Carton plein pour « Bordeaux fête le vin »

Pour sa dixième édition, « Bordeaux fête le vin » a accueilli sur les quais de la Garonne (inscrits au Patrimoine mondial de l?Unesco) près de 650 000 visiteurs et vendu quelque 57 000 pass-dégustation entre le 23 et le 26 juin. Un incontestable succès avec une fréquentation toujours croissante pour une manifestation conviviale et ludique à l?organisation parfaitement huilée qui s?impose comme un modèle d??notourisme à l?échelle européenne.

  • Porte-verre rouge autour du cou et verre de dégustation en main.
  • Les dizaines de milliers d?amateurs de vin ont déambulé un sourire gourmand aux lèvres pendant quatre jours sur les deux kilomètres des quais de la rive gauche inondés de soleil.
  • Passant de pavillon en pavillon à la découverte des vins d?Aquitaine.
  • Ce public plutôt jeune.
  • Familial et curieux est venu parfois de très loin pour partager un moment convivial et assister aux multiples animations qui ont émaillé cette mini-route des vins au c?ur de la ville.
  • Organisée tous les deux ans depuis 1998.
  • Cette manifestation ?notouristique devenue incontournable pour les amoureux du vin doit tout à Alain Juppé qui souhaitait à l?époque un tenant populaire au salon professionnel Vinexpo et que Bordeaux cesse d?être qualifiée (comme a pu l?être Reims en son temps) de « Belle endormie ».
  • Le long de la Garonne où le majestueux trois mâts Belem s?est amarré spécialement pour l?occasion.
  • On parle vin.
  • Saveur.
  • Robe.
  • On échange les verres pour partager ses sensations.
  • On prend les temps de déguster son cru d?autant que l?affluence impressionnante impose une bonne dose de patience pour accéder aux conteneurs de dégustation qui ont avantageusement remplacé les tentes des années précédentes.

Le Belem amarré au Ponton d?honneur pour la fête du vin

« Cette fête est de plus en plus populaire, on croise plein de jeunes gens qui n?ont pas vraiment eu accès à la culture du vin mais qui veulent progresser dans ce domaine et accéder à ce savoir. Les gens viennent bien sûr pour consommer et faire la fête mais tous sont curieux de savoir ce qu?ils boivent et s?attardent volontiers pour discuter avec les vignerons », se réjouit Stéphane Gabard, administrateur de l?Organisme de défense et de gestion (ODG) des appellations Bordeaux supérieurs. Pour cette édition deux bars éphémères représentent ses appellations avec une quarantaine de vignerons se relayant en deux équipes pour accueillir le public. Quelque 4 500 bouteilles étaient prévues pour la manifestation. « Comme toute opération marketing, il y un investissement avec un risque qui se gère à long terme, mais ce qui nous fait très plaisir c?est cette jeunesse curieuse qui représente nos futurs clients. Sur les quais, on propose des appellations assez faciles à déguster pour initier les amateurs. Les vignerons sont à disposition mais il est vrai que le soir quand il y a beaucoup de monde, on n?a plus trop le temps de discuter, il faut surtout servir, c?est la rançon du succès mais cela reste bon enfant », souligne-t-il. Pour lui, Bordeaux tient la corde en matière d??notourisme et encore plus avec l?ouverture de la Cité des vins qui en fait « une ville incontournable pour les amateurs qui arriveront plus vite, bientôt, avec la ligne à grande vitesse. Toute la région profite de cette fête, les hôtels et les restaurants sont pleins et tous travaillent à ce que les gens repartent heureux avec l?envie de revenir », clame-t-il. Le samedi soir, un restaurateur situé à proximité des quais estimait son nombre de couverts six fois supérieurs à une fin de semaine estivale classique. Un savoir-faire et des retombées économiques que Stéphane Gabard aimerait voir étendus à toutes les régions viticoles, notamment en Champagne où, selon lui, « les viticulteurs manquent un peu de dynamisme à cause de la grande notoriété de leurs vins. Ils sont restés sur des schémas classiques un peu anciens sans chercher à dynamiser leur grand potentiel ».

Tout participe de la fête conviviale et populaire.

Venus d?Angers pour le week-end, deux couples d?amis, la trentaine, s?attardent sur le quai cherchant un peu d?ombre aux gréements du Belem. Les verres de blanc, de rouge et de rosé passent de nez en nez avant d?être sirotés, suscitant des commentaires plus ou moins éclairés sur l?appellation ou la longueur en bouche, entre deux rires complices. « Nous sommes un peu amateurs de vins, ici l?ambiance est joyeuse et détendue, tout est bien organisé, on découvre des crus sans ce côté intello lié au vin. On est là pour passer un bon moment festif et découvrir la ville », résument en coeur Anthony, Yann, Sarah et Julie qui ont réservé in extremis un logement via le site Airbnb pour le week-end. Si l?entrée est libre et gratuite sur le site, pour découvrir les vins il faut acheter son pass numérique (16 euros en prévente et 21 euros sur place) qui offre une dégustation dans chacun des onze conteneurs dédiés aux Côtes de Bordeaux, Médoc, Rosés de Bordeaux ou encore Mouton Cadet, repartis dans trois « villages ». Ainsi le public est obligé de parcourir l?ensemble du site et n?encombre pas les bars qui sont des lieux de dégustation et non de simples buvettes. Deux dégustations « coup de coeur » supplémentaires sont comprises dans le pass qui offre également la gratuité des transports urbains et l?accès à un atelier de l?Ecole du vin de Bordeaux. Une sécurité en nombre conséquent mais assez discrète, plus pour rassurer que pour intervenir car les débordements sont rarissimes : à la fête du vin on sait manifestement boire. De nombreuses possibilités de restaurations de terroirs, quelques allées enherbées en guise d?aires de pique-nique, le « miroir d?eau » pour se rafraichir la journée et pour danser le soir avant d?admirer le feu d?artifice, tout participe de la fête conviviale et populaire.

En parallèle, pour les amateurs éclairés et un peu plus fortunés, « Bordeaux fête le vin » proposait, pour 65 euros, un passeport Grands crus classés 1855 permettant de découvrir sous les ors des salons d?honneur du palais de la Bourse sept grands crus (Haut-Médoc, Margaux, Saint-Julien, Pauillac, Saint-Estèphe, Sauternes et Barsac) en présence des propriétaires. De l?avis de Michel Tesseron, propriétaire du Château Lafon-Rochet en appellation Saint-Estèphe, « les vignerons exercent deux métiers en même temps, le savoir-faire et le faire-savoir, ce qui est peut être le plus difficile. La grande réputation de cette fête nous permet de gagner un peu de temps en concentrant les rencontres le temps du week-end dans une ambiance toujours plaisante ».

L?Ecole du vin de Bordeaux, ou apprendre en s?amusant

Présente depuis l?origine lors de « Bordeaux fête le vin », l?Ecole du vin initiée par le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), a attiré sur son pavillon et le long des quais près de 15 000 personnes pour des animations pédagogiques et ludiques afin de « décomplexer le consommateur et lui inculquer par le jeu les notions de base pour aborder la dégustation du vin ». Divers ateliers de 30 minutes maximum sont proposés par des formateurs de l?Ecole, eux-mêmes vignerons ou ?nologues, pour amener le public à comprendre les sensations propres au vin. Dégustation les yeux masqués, immersions sensorielles dans des bocaux olfactifs, découverte des assemblages avec des associations originales de bonbons ou de fruits secs, battles de chefs et de bloggeuses culinaires avec vote du public qui trouvera toujours un formateur disponible pour répondre à ses questions en français, anglais ou même chinois. Nouveauté de l?édition 2016, un concert Rock?n?wine où les sensations olfactives et gustatives sont décryptées comme un morceau de musique joué en direct, instrument par instrument, pour au final inviter le public à danser le verre à la main sur la bonne orchestration. Le message étant d?inciter les amateurs à utiliser tous les sens pour apprécier le vin avec comme slogan « plutôt que d?être ordinaire de son côté, soyons extraordinaires tous ensemble ! » Tout au long de l?année, l?Ecole du vin de Bordeaux dispose de près de 200 formateurs qui proposent en France comme à l?international des animations ou des stages de formation plus poussés notamment dans les universités ou les grandes écoles.

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